Heidegger, the Temple, and the Origin of the Work of Art.

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Whether Heidegger picked up a key idea--like a hot potato--from the Book of Tea , we may never tell; but another hot potato case seems to be in sight. I mean the discussion on Heidegger's famous essay on the Origin of the Work of Art, by Emmanuel Faye in his recent book Heidegger: I'introduction du nazisme dans la philosophie (Paris: Albin Michel, 2005, seconde edition). Faye does not charge Heidegger of plagiarism, but of something much more serious. Heidegger, he argues, had in mind, when delivering that lecture (or series of lectures, see below) which eventually became the famous essay, nothing less than the Nuremberg Rally of 1935; his "temple" was not any temple, but the Zeppelin Field Tribune, which was, it is true, inspired by the Pergamon Altar of Ancient Greece allegedly dedicated to Zeus. Relevant passages from the book are given below, with German originals in square brackets. For your convenience, I shall attempt a rough English translation of the passages.

Review:
Faye's book has substantially revived the scholarly debate on the relationship between Heidegger's Thought and the Nazi Worldview. A brief review, which tries to situate the book in the recent debate can be found at: http://www.h-net.org/reviews/showpdf.cgi?path=216231158766616

Images:
Images of some architectural works mentioned in the passages can be found at:
(1) Zeppelin Field:
http://en.wikipedia.org/wiki/Zeppelin_Field
(2) The Zeppelin Field Tribune: http://en.wikipedia.org/wiki/Image:Reichsparteitagsgelaende_Zeppelinfeld_Tribuene_68.JPG(3) Pergamon Altar:
http://en.wikipedia.org/wiki/Pergamon_Altar

Excerpt from Faye's Book:
[pp.526-29, la seconde edition.] Le Temple, La Conférence sur L'œuvre d'art et le congrès de Nuremberg de 1935.

Heidegger ne cherche pas la signification de la polis grecque dans les écrits des philosophes, il ne revoie pas à la Politeia de Platon ou à la Politique d'Aristote, mais cite deux vers d'Homère. Plus tard, dans son cours du semestre d'été 1935 intitulé Introduction à la métaphysique, Heidegger prétendra que l'histoire, à ses origines, est mythologie. Ici, il entend poser un fondement existentiel qui serait plus originel que la communauté et l'assemblé humaine de la politeia, un « milieu » (Mitte) qui serait déterminant pour « l'existence historique » d'un peuple, d'une race, d'un clan. Notons qu'il ne commente pas les vers en suivant l'ordre exact des mots : là où Homère évoque en premier l'enceinte et les maisons, Heidegger identifie ce milieu tout d'abord au temple. En rapportant ainsi la polis à un centre sacré, il manifeste que sa conception du politique n'est pas philosophique mais, pourrai-on dire faute de mieux et pour reprendre l'un de ses termes, mythologique.

Or, cette valorisation heideggérienne du temple est reprise et amplifiée la même année dans la conférence sur « L'origine de l'œuvre d'art ». Cette conférence est prononcée pour la première fois le 13 novembre 1935 Fribourg, une deuxième fois le 17 janvier 1936 à Zurich, et une troisième fois (en trois parties) à Francfort les 17, 24 novembre et 4 décembre 1936. Le texte paru en 1949 dans les Holzwege reprend les trois conférences de Francfort, vraisemblablement retouchées après la guerre. Deux versions antérieures ont également été publiées, l'une en 1987, l'autre en 1989. Dans la version la plus connue, celle des Holzwege, Heidegger évoque le temple grec et semble donc se reporter au passé. [« Ein Bauwek, ein griechischer Tempel … »] Mais dans la version primitive, éditée en 1989 par Hermann Heidegger—l'année du centenaire de la naissance de Heidegger et de Hitler--, il n'est pas explicitement question du temple grec. [Dans cette première version, on lit : « Das Bauwerk, der als Tempel die Gestalt des Gottes einbehält … »] La référence à l'architecture grecque est certainement toujours à l'arrière-plan, mais il n'est parlé que du temple, comme œuvre architecture, en tant qu'il ouvre le « là » où « un peuple accède à lui-même, c'est-à-dire dans la puissance ordonnatrice de son dieu ». [« … eröffnet der Tempel das Da, worin ein Volk zu sich selbst, d.h. in die fügende Macht seines Gottes kommt »]

Or, en novembre 1935, le fait de se référer au temple comme « milieu enraciné et étendu, dans lequel et à partir duquel un peuple fonde son séjour historique », et cela dans une conférence où il est explicitement question du peuple allemand, évoque nécessairement, aux auditeurs de l'époque, le congrès qui s'est tenu deux mois plus tôt à Nuremberg. Cette année-là, en effet le congrès de la NSDAP et les discours du Führer avaient eu lieu dans l'enceinte du Zeppelinfeld, bordé par une tribune de 360 mètres à laquelle des colonnades et des vasques donnaient une allure de temple grec. Cette Zeppelintribüne était d'ailleurs inspirée d'un édifice antique : l'Autel de Pergame.

On sait que Hitler avait choisi Nuremberg comme lieu symbolique, au centre de l'Allemagne, pour les congrès annuels du Parti qui se déroulaient chaque année pendant une semaine, généralement en septembre. Et il avait conçu, avec l'architecte et futur ministre de l'Armement Albert Speer, le site des congrès du parti national-socialiste, dont seule la Zeppelintribüne sera entièrement construite. La mise en scène, à chaque fois « grandiose », était destinée à démontrer la solidarité du peuple et du Führer. Or 1935, c'est l'année où, sous le nom de « congrès de la liberté », sont proclamées les lois antisémites, dites « de Nuremberg ». Cette année-là, cent cinquante projecteurs de la DCA dressent jusqu'au ciel des colonnades de lumière, qui viennent délimiter l'espace où la foule est rassemblée pour écouter Hitler. C'est ainsi que le temple de marbre se double d'un temple de lumière. Le Zeppelinfeld n'est plus « qu'une mer de svastikas, éclairée de nuit par des torches ». Parler deux mois plus tard, dans sa conférence, du « temple » où le peuple « accède à lui-même »--ce qui est une conception non pas grecque, mais nazie--et de la « clairière » (Lichtung), telle est la façon choisie par Heidegger pour célébrer le congrès du Nuremberg de septembre 1935. C'est pourquoi la conférence sur « L'origine de l'œuvre d'art » est, dans sa signification historique et politique réelle, un texte qui n'est pas loin d'être aussi odieux que celui publié par Carl Schmitt dans la Deutsche Juristen Zeitung, le 1 er octobre 1935, pour célébrer les lois de Nuremberg sous le titre : « La constitution de la liberté ». […]

Rendering of the Same in English:
Heidegger does not find the meaning of the Greek polis in the writings of the philosophers, he does not go back to Plato's Republic or to Aristotle's Politics, but cite two verses from Homer. Later, in his course in the summer semester of 1935, entitled "Introduction to Metaphysics," Heidegger claimed that history, in its origin, is mythological. Here he means to lay an existential foundation which would be more original than the human community and assembly of the politeia [regime, constitution, government - Y.T.], a milieu which would be determinative of the "historical existence" of a people, of a race, of a clan. Note that he does not comment on the verses by following the exact order of the words: whereas Homer first evokes the enclosure and the houses, Heidegger identifies this milieu straightway with the temple. In thus relating the polis to a sacred center, he shows that his conception of the political is not philosophical but--in want of a better term and to follow one of his own--mythological.

This Heideggerian valorization of the temple is repeated and amplified in the same year in the lecture on "The Origin of the Work of Art." This lecture is given for the first time on November 13, 1935 in Freiburg, a second time on January 17, 1936 in Zurich, and a third time (in three parts) in Frankfurt on November 17, 24, and December 4, 1936. The texte published in 1949 in the Holzwege reprints the three Frankfurt lectures, seemingly reworked after the war. Two older versions have also been published, one in 1987, the other in 1989. In the version most well-known, namely, that of the Holzwege, Heidegger evokes the Greek temple and seems therefore to go back to the past. [« Ein Bauwek, ein griechischer Tempel … »] But in the primitive version, edited by Hermann Heidegger [son of the philosopher] in 1989--centenary of the birth of Heidegger and of Hitler--it is not expressly about the Greek temple. [ « Das Bauwerk, der als Tempel die Gestalt des Gottes einbehält … »] The reference to Greek architecture is certainly always in the background, but it is only so much about the temple, as an architectural work, in that it opens up the "there," wherein "a people comes to itself, that is, into the subjugating power of its god."

In Novermber 1935, to refer to the temple as "milieu rooted and extensive, in which and from which a peiople founds its historical abode," and this in a lecture where it is expressly about the German peole, evokes necessarily, among the listeners of the time, the congress which was held two months earlier in Nuremberg. That year, the NSDAP Congress and the speeches of the Führer had taken place inside the Zeppelin Field, bordered by a tribune of 360 meters, to which the colonnades and the basins gave an allure of a Greek temple. This Zeppelin Field, moreover, was inspired by a ancient edifice: the Pergamon Altar.

We know that Hitler had chosen Nurember as a symbolic place--at the center of Germany--for the annual congress of the Party which lasted each year for a week, usually in September. And he had conceived, with the architect and future minister of armament, Albert Speer, the site of the congress of the Nazi Party, of which only the Zeppelin Field would be completed. The mise en scene, grandiose every time, was meant to demonstrate the solidarity of the people and the Führer. In 1935, the year when, under the name of "Congress of Freedom," the antisemitic laws were promulgated--the Nuremberg Laws. That year, hundred and fifty DCA projectors erect colonnades of light up to the sky, which are to delimit the space where the crowd is assembled in order to listen to Hitler. This way, the temple of marble doubles itself in a temple of light. the Zeppelin Field becomes but a sea of swastikas, illuminated throughout the night by torches. To speak two months later, in his lecture, of the "temple" wherein the people "comes to itself"--which is not a Greek, but a nazi, conception--and of the lighting: such is the way chosen by Heidegger to celebrate the Congress of Nuremberg of September 1935. This is why the lecture on "The Origin of the Work of Art" is, in its real historical and political meaning, a text which is not far from being as obnoxious as that published by Carl Schmitt in the Deutsche Juristen Zeitung, on October 1, 1935, to celebrate the Nuremberg Laws, entitled: "The Constitution of Freedom."

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